Lutte, lutte et lutte avec Patric Laprade

Ce fut tout un honneur pour moi qui est une fan de lutte d’écouter cet homme qui est considéré comme étant être la référence par excellence de la lutte au Québec. Pour cette première entrevue ‘Chronicle Style’, je vous présente Patric Laprade.

It’s show time!

Patric Laprade

À quel moment es-tu tombé en amour avec le monde de la lutte?

Le dimanche matin au canal 7, je regardais l’émission de lutte. Mon père était un admirateur de la lutte. Il m’a amené voir mon premier spectacle de lutte au Centre Paul Sauvé à l’âge de 6 ans en 1983. Je ne me rappelle plus exactement des matchs, mais comme tout enfant, j’étais excité de voir en personne un gala de lutte.

En 1983, c’était l’année que je suis née et également, mon père amenait voir mon frère voir des galas de lutte au Centre Paul Sauvé à cette époque là.

C’était une belle période pour la lutte au Québec. Tranquillement, mais sûrement, la WWE commençait à gagner du terrain. Arrivée en 1987, WrestleMania 3 changea la lutte à tout jamais et on voit plusieurs lutteurs québécois durant ce grand gala.

Est-ce que ça t’arrivait de regarder sur cassette comme la majorité de jeunes fans de ce WrestleMania plusieurs fois?

Wrestlemania 3, j’ai dû louer ça plusieurs fois. J’ai acquis une copie en cassette du WM3 en français et en anglais.

J’ai loué tellement de fois cette cassette que c’est inimaginable le nombre de fois que je l’aie regardé.

WrestleMania III

Le Québec était très bien représenté lors de ce WrestleMania. Il y avait le lutteur nain le plus connu de son époque Little Beaver.

Little Beaver

Rick Martel y était également ainsi que Dino Bravo qui était dans le coin de Valentine et de Beefcake.

Rick Martel

Tous les Québécois étaient rendus à la WWE. Mais c’était également un moment aigre-doux comme sentiment, car en même temps qui a eu l’ascension de la WWF, au Québec, Lutte International qui roulait sur ses derniers milles. C’était un moment ‘’bittersweet’’ en effet.

Quel était à ton avis le meilleur match de ce Wrestlemania?

En matière de lutte, de la chimie et du spectacle, Macho Man contre Ricky Steamboat. Ce match était parfait.

Steamboat vs Savage

Par contre, en matière du ‘’build up’’, du match le plus impressionnant serait celui de Hulk Hogan contre André le Géant.

Hulk Hogan and Andre the Giant

On va du moment qu’ils étaient au Piper Pit et qu’André le Géant a déchiré la camisole de Hulk Hogan a lui enlevé sa chaîne (l’original chain snagging OK de retour à l’histoire).

bling bling

C’était de l’or ce ‘’build up’’. Et enfin, ces deux géants de la lutte se rencontrent enfin dans le ring et c’était vraiment un grand moment dans le monde de la lutte.

Est-ce qu’à ce moment, tu as été attiré par le côté que ces lutteurs racontent une histoire dans le ring ‘’storytelling’’?

Je ne sais pas préciser ce qui m’a attiré en premier lieu, mais possiblement le côté super héros. L’aspect du bien contre le mal ‘’Good vs Evil’’ m’a intrigué. Pour moi, les lutteurs étaient mes superhéros comme Batman et Superman.

Batman and Superman

Le fait de rendre le méchant le plus méchant possible et que le gentil qui se fait persécuter par le méchant, mais qui va pourrait le vaincre malgré tout et devenir le héros me captivait.

Est-ce que durant les années fin 80 et début 90, tu suivais les autres fédérations de lutte comme la NWA et la AWA qu’éventuellement vont devenir la WCW?

Durant les années 90 au Québec, on visionnait plus la WWF à la télévision. À l’époque, mon père s’est abonné à la chaîne TSN qui diffusait les matchs de la AWA.

Scott Hall y était et il ne ressemblait pas du tout au personnage Razor Ramon qui a plus tard incarné à la WWF. Curt Henning y était aussi dans cette fédération.

Je suis suivais beaucoup de lutteurs à travers de plusieurs magazines comme le Pro Wrestling Illustrated. Je me rappelle qu’à chaque fois qu’il y avait un stand à journaux soit dans un centre d’achats ou à l’épicerie, j’allais soit lire la revue ou je l’achetais. Il n’y avait pas d’Internet à l’époque et c’était un moyen d’avoir de l’information. J’ai appris à connaître plusieurs lutteurs en lisant ces revues.

 Je savais qui était Dusty Rhodes, Ric Flair. C’était beaucoup à cause des magazines que j’ai découvert les autres fédérations.

Quand Lutte International a fermé ses portes en 1987 et que depuis 1984 les émissions de lutte de la WWF fussent présentées en français au Québec par le grand Édouard Carpentier. Depuis 1984, on sentait une transition à la télévision et éventuellement, la WWF (WWE) a remplacé Lutte International dans nos télévisions québécoises. Montréal a toujours été une ville de lutte et spécialement de la WWF. TVA diffusait dans les années 80 la rediffusion de Saturday Night Event qui jouait tard le soir. Je regardais cette émission et mes amis aussi malgré qu’on devrait être couché à cette heure-là et j’avais très hâte de parler lundi matin à mes amis à l’école des matchs qu’on a regardés ce samedi soir.

Tout changea le 9 novembre 1997. Tous les fans de lutte se souviennent très bien de cette date. Pour moi, c’était le début de mon très long deuil. Je te laisse élaborer ton expérience personnelle vis-à-vis du Montreal Screwjob qui a eu lieu au Survivor Series au Centre Bell.

The Screwjob a changé la lutte.

WWE Survivor Series 1997

En 1994. Je commençais le CEGEP et je suivais la lutte, mais pas avec le même intérêt que j’avais durant les années 80. Au début des années 90, mon intérêt avait diminué au même moment qu’Hogan a été à la WCW (pré NWO). Alors, j’ai manqué son arrivée à la WCW et c’est un de mes amis du CEGEP qui me l’avait appris.

En 1996 et en 1997, suite à la création de la NWO à la WCW et la DX à la WWE, c’est un peu cette combinaison et ce vent de changement qui m’a redonné un intérêt à la lutte.

NWODX

La fin des années 90 a été intense et magique dans le monde la lutte.

Je suis entièrement d’accord avec toi.

Le Survivor Series du 9 novembre 1997 est une des raisons pourquoi je suis en train de faire ce que je fais actuellement dans le monde de la lutte aujourd’hui.

Bret Hart Shawn Michaels

Le lendemain du Survivor Series, je suis arrivée à l’université avec mon chandail DX.

 Je remarque un collègue de classe avec un chandail de Stone Cold. Entre fans de lutte, quand on se remarque, on se tient ensemble. Et pour faire suite à ce moment que nous avons vu la veille, il fallait en parler. Ce collègue m’a invité à m’asseoir à côté de lui. Dès ce moment, on s’est lié d’amitié et on échangeait sur la lutte et l’on s’est mis à regarder les Pay Per View ensemble par la suite. Ce moment a été le début d’une très grande amitié.

 En 1999, il s’est bâti un site web sur la lutte et j’ai commencé à écrire sur son blogue moi qui a toujours voulu être un journaliste.

 En 2001, il s’est impliqué dans la lutte au Québec. Je suis allé voir un spectacle de lutte et j’ai attrapé la piqûre. La proximité n’est pas la même et l’énergie est palpable.

 Tous les projets de livres et mon implication dans la lutte au Québec ont été possibles grâce à cette rencontre que j’ai fait suite au moment qui a changé l’histoire de la lutte à tout jamais.

Tu as justement écrit un nouveau livre en 2017 que je suis tellement contente qu’on en parle de l’impact des femmes dans le monde de la lutte qui s’intitule Sisterhood of the Squared Circle. The History and Rise of Women’s Wrestling. Qu’est-ce qui t’a amené à écrire ce livre?

J’avais produit 4 almanachs sur la lutte au Québec, basés sur ce que le Pro Wrestling Illustrated faisait avec le temple de la renommée au Québec. C’était dans le concept de faire comme une revue de l’année. Pour la 5e édition, je voulais faire un top 25 des meilleurs lutteurs québécois. Je demandais à plusieurs anciens lutteurs, d’admirateurs et de journalistes de voter afin de déterminer ce classement.

 Je voulais que Michael Ryan, mieux connu sous le nom de Llakor qui est le publiciste de l’IWS m’aide à écrire une biographie des 25 lutteurs. Il m’a suggéré l’idée de raconter des ‘side stories’ sur des lutteurs et des faits qui se sont passés dans l’histoire de la lutte.

 J’ai trouvé qu’il avait une bonne idée et ce premier projet fut né.

J’aurais voulu que Michael collabore à la rédaction de ce livre, mais son travail ne lui a pas permis de continuer le projet. C’est là que Bertrand Hébert est arrivé dans l’équation. Au Québec, il y avait des refus pour trouver un éditeur pour ce livre parce que la lutte était morte depuis trop longtemps selon eux.

 Alors, la maison d’édition ECW Press s’est intéressée ce projet.

 Durant le mois de février 2013, il y a eu le lancement du livre Mad Dogs, Midgets and Screw Jobs. Il y a eu un gros lancement médiatique. Tous les médias du Québec étaient représentés. Par la suite, des éditeurs québécois qui en ont entendu parler du livre souhaitaient travailler avec nous.

Mad Dogs, Midgets and Screw Jobs

On pensait écrire un autre livre durant cette période. La journée qu’on a été au Salon du Livre qui était le 21 novembre 2013 pour le livre Mad Dogs, Midgets and Screwjobs, Mad Dog Vachon est décédé.

Mad Dog Vachon

Il fallait que je quitte mon travail et mon téléphone n’arrêtait pas. Radio-Canada, TVA, RDS appelait afin que je témoigne suite à son décès.

À ce moment, je me disais que Maurice Vachon (Mad Dog Vachon) mérite une bonne biographie. Nous avons proposé l’idée à nos éditeurs et ils ont accepté. Celui qui avait réalisé le documentaire sur Maurice pour la chaîne de télévision TVA, Yves Thériault et moi avons rendu un hommage durant le mois de décembre de cette même année. Ce fut un hommage médiatisé et nous avons profité pour annoncer l’écriture du livre sur Maurice Vachon.

Mad Dog

Bertrand de son côté a eu l’opportunité d’être le ‘ ghostwriter’ de Pat Patterson qui est une légende de la lutte et un Montréalais, pour rédiger son autobiographie.

Moi de mon côté, j’ai réalisé que ça serait le bon moment que je travaille sur le livre Sisterhood.

Tout d’abord, j’ai lancé l’idée à Dan Murphy, on était tous les deux fans de la lutte féminine. J’ai lui ai demandé s’il aimerait se lancer dans cette idée d’écrire une livre sur la lutte féminine.

Il a embarqué sans hésitation. 

Le lancement de ce livre avait lieu durant le mois d’avril 2017.

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En 2017, nous(Bertrand Hébert et moi) avons signé une entente pour rédiger l’autobiographie de André le Géant.

Montréal est l’endroit où André le Géant a commencé sa carrière en Amérique du Nord. Ce livre sera un reflet plus détaillé sur sa carrière.

Andre the Giant 

Toutes ces belles occasions ont eu lieu parce que j’ai assisté au Survivor Series en novembre 1997.

Je considère Philippe Leclair comme mon premier mentor dans cet univers. Il m’a montré l’aspect un peu plus en arrière-scène d’un évènement de lutte. J’ai énormément appris grâce à lui.

 Maintenant, on peut te voir commenter régulièrement à la télévision.

 La chaîne de télévision TVA Sports m’a approché pour que je devienne un des commentateurs francophones pour les émissions de la WWE. Je suis très reconnaissant de vivre cette expérience en tant que commentateur.

Jeune, je voulais être journaliste, mais je réalise que je ne suis pas très loin de vivre mon rêve.

Pour 2018, on s’attend à quoi pour Patric Laprade?

Cette réponse n’est pas vraiment ce à quoi on peut s’attendre de moi en 2018, mais plutôt un ‘statement’ qu’il est important d’encourager le produit local et que je m’assure de continuer à le faire. Je vais continuer de mettre en valeur la lutte indépendante québécoise.

 Cette communauté m’a tellement soutenue et encore aujourd’hui, elle me redonne beaucoup. Durant les évènements de lutte, les promoteurs de luttes indépendantes me permettent de vendre mes livres durant leurs shows.

 Je trouve ça important de continuer à les encourager. J’ai appris beaucoup en touchant à plusieurs rôles dans le monde de la lutte d’arbitre à promoteur. Je leur en suis éternellement reconnaissant.

 Comme projet en 2018, nous allons relancer la fédération féminine de lutte Femmes Fatales.

 Le premier show aura lieu à Ottawa. Plusieurs lutteuses ont participé au May Young Classic de la WWE.

Mae Young

 C’est le bon moment de raviver cette flamme ici au Québec.

Vous pouvez suivre Patric Laprade sur Twitter en cliquant sur le lien et vous pouvez le voir tous les mercredis soirs sur TVA Sports avec notre commentateur haïtien préféré Kevin Raphaël.

Pat Laprade Twitter

Site web de TVA Sports

Entrevue et rédaction par Sab Demosthenes

 

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