Chasse aux fake news : Non, la procureure générale de New York ne refuse pas de poursuivre les NoirS

Montréal, le 6 avril 2021 – Non, la procureure générale de New York ne refuse pas de poursuivre les Noirs. « Depuis son entrée en fonction, la procureure générale de New York refuse de poursuivre toute personne noire », titrait le 11 mars dernier un article de PRNTLY, un site de nouvelles américain d’allégeance conservatrice.

Me Letitia James, qui est devenue, en 2018, la première femme afro-américaine à accéder au poste de procureure générale de l’état de New York, est ensuite accusée par PRNTLY « de donner de l’argent aux membres de gangs noirs » suite à l’annonce récente de la création d’un programme de rachat des armes à feu « dans le cadre duquel elle a acheté des armes à feu à des gangsters de la ville de New York, provenant évidemment de quartiers noirs » .

L’article se conclue par cette affirmation: « Apparemment, les Noirs sont les seuls à qui on permet de commettre des crimes à New York » .

Photo: Michael M. Santiago/ Getty Images

En consultant le rapport de l’état de New York sur les condamnations de nature criminelle pour l’année 2019, première année complète en poste de la procureure générale James, on constate que ces déclarations sont complètement fausses.

Parmi les poursuites criminelles ayant résulté en une sentence de prison en 2019, 48% des peines ont été imposées à des Noirs, contre seulement 28% pour des Blancs. Cette statistique est d’autant plus éloquente que, durant cette même année, 58% de la population de l’état de New York était constituée de Blancs, contre 15% de Noirs. Spécifions que le rôle de la procureure générale de New York est de chapeauter et de superviser l’ensemble des poursuites intentées par l’État.

D’autre part, le programme de rachat des armes à feu auquel fait référence l’article de PRNTLY a tenu jusqu’à présent un seul « événement » en 2021, à Brooklyn, un arrondissement de New York composé à 49,5% de Blancs, par opposition à 35,8% d’Afro-Américains. Selon le communiqué publié sur le site officiel de la procureure générale James, cette initiative, destinée à mettre fin à la violence causée par les armes à feu, a permis de racheter 48 fusils et pistolets. Rien n’indique dans ce communiqué que les armes ont été rachetées uniquement à des personnes de couleur, ni qu’il s’agissait de gangsters ou de criminels.

On peut donc conclure que PRNTLY a déclaré sans fondement ni preuve à l’appui que la procureure générale James avait « donné de l’argent aux membres de gangs (…) provenant évidemment de quartiers noirs».

Mike Segar/ Reuters

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