Jeudi dernier dans la très sympathique Petite Italie à Montréal, j’ai pu admirer le vernissage de cette incroyable artiste Malgosia Bajkowska et du très talentueux Démétrios Papakostas à la galerie ERGA.
Qu’est-ce que j’adore également dans un vernissage est que nous rencontrons des amoureux d’art et parfois si on est chanceux, on fait des nouvelles rencontres magiques.

Le plaisir est toujours au rendez-vous.

Le mariage entre les oeuvres des deux artistes fut une union parfaite. Pour les amoureux d’art contemporain, allez faire un petit tour dans cette charmante galerie. Après, vous pouvez casser la croûte à la Napolitena sur Dante avec une bonne petite bouteille de rouge.

Le commissaire de ce vernissage, le très chic Jean-Michel Correia, a été d’une aide précieuse en me décrivant le concept de cette exposition.
Voici la partie écrite par le commissaire Monsieur Jean-Michel Correia avec quelques de ces photos et j’ai incorporé quelques clichés que j’ai pris.
LA COULEUR SEULE
“Je cherche ainsi à individualiser la couleur, car j’en suis venu à penser qu’il y a un monde vivant de chaque couleur et j’exprime ces mondes.” Yves Klein
” L’objectif de cette exposition est de mettre en perspective la pratique du travail de Malgosia Bajkowska et Démétrios Papakostas et de créer entre les œuvres une narration réinventée.
La proposition de la couleur seule est une réflexion sur les phénomènes de la couleur permettant de mieux comprendre et concevoir l’expérience esthétique du chromatisme en peinture. On peut dire que la couleur seule est en partie un genre pictural ou la couleur est le moteur qui génère l’espace dans l’œuvre. Ancrée dans l’histoire du siècle dernier, elle ne cesse, encore aujourd’hui, de se renouveler en art actuel.
Le travail de Bajkowska est fondé sur une recherche picturale abstraite/minimaliste à partir de la ligne et de figures géométriques, le carré, le rectangle, le cercle et la couleur comme événement. La répétition réalisée au moyen de punaises colorées s’apparente à des pixels, avec lesquels l’artiste joue dans une simplicité d’exécution. L’artiste explore le champ sensible avec une économie volontaire de matériaux. Un choix déterminé dans sa démarche. Bajkowska s’en prend pour sa part à tout un monde de formes empruntées au suprématisme, la croix, le x, formes modelées parfois avec du grillage de métal, sur lesquelles se dépose la couleur. Le principe de son travail procède de la matérialisation d’une forme où chaque proposition est achevée, tout est pris dans un cycle continu et cela ouvre des fenêtres par lesquelles le regardant peut s’évader. On voit dans tout ce tissage une métaphore de la perception en peinture.
Démétrios Papakostas pose la question de la structure picturale ou la ligne verticale et l’oblique se croisent afin de générer une sensation spatiale. Le travail de Papakostas est un prolongement minimal et conceptuel, qui respecte quelques grands principes. J’en rappellerai trois : son œuvre est entièrement conçue et formée par l’esprit avant son exécution, voir ses multiples carnets de recherches qui l’accompagnent dans l’atelier.
Son travail n’a pas d’autre signification que lui-même et sa technique reste rigoureusement géométrique c’est-à-dire, anti-impressionniste. Nous sommes dans une forme d’art concret. Qu’il s’agisse de la série présentée ici autour de la couleur seule, le travail de Papakostas ne se réduit jamais au simple jeu des contrastes simultanés et de complémentarité.
Il s’agit de l’idée de dilatation qui réfère à celle d’un achèvement, d’un développement, voire d’une augmentation, comme on peut l’observer dans cette exposition la couleur seule. Par-delà toutes les intentions formelles et minimales impliquées dans son processus de recherche, l’artiste s’inscrit dans la théorie de la perception de la couleur qui révèle l’espace.
Cette exposition offre deux propositions de la place de la couleur dans la peinture. Comme on peut le constater, à travers une réflexion sur le modèle de l’artiste en art actuel, il faut penser que la couleur est souvent comprise comme un acte isolé, mais il semble y avoir des dénominateurs communs.”
Jean-Michel Correia, commissaire
